mercredi 6 août 2014

Frangipane, c'est pas de la tarte

06/08
Météo: couverte le matin, brumeux (duuuh) une fois entré dans le nuage, quelques percées de soleil en fin d'après-midi. Température agréable pour de la rando.
Localité: Sapa -> Mont Fansipan
Hebergement: Hotel

Le voici, le tant attendu moment sportif du séjour, l'ascension du Mont Fansipan en un jour...



Finalement, heureusement qu'il y avait du brouillard. D'une part, parceque comme ça, je n'ai pas vu ce qui m'attendait et me restait à faire. Et une fois en haut, il fallait bien redescendre. D'autre part, à l'abri du soleil, la température était beaucoup plus compatible pour une ascension sportive.
Mais commençons par le commencement. A 6h, départ de l'hotel à moto avec mon guide, direction la maison des "gardes forestiers" au bout de la vallée. Nous démarrons ainsi notre marche à partir de là, à 2000m d'altitude. Plus que 1137 à priori, y'a toute la journée, easy peasy.
Nous commençons par descendre, et à perdre presque 100m de den. Le sentier est très pratiquable, bien qu'humide. Étonnamment, les roches qui constituent la majorité du sentier ne sont pas  glissantes, et heureusement. Mon guide, une sorte d'humain croisé avec un cabri, envisage d'essayer de me faire battre le temps qu'il a mis à monter hier avec un anglais, soit 4h. On verra ça hein. En attendant, il sautille sur les pierres en pentes et les racines, et si je n'étais pas là, je pense qu'il ferait le tout en courant jusqu'au sommet.

si c'est pas choupinou comme sentier, y'a même des fleurs!

Mis à part quelques pieds dans l'eau, tout se passe bien jusqu'au camp n°1, que nous atteignons après un peu plus d'une heure de marche.



Oui, parcequ'il y a des camps. Si certains s'amusent à monter en 1 jour, d'autre préfèrent le faire en 2 jours, et certains qui aiment prolonger le plaisir, en 3 jours. Il y a donc deux camps sur ce sentier, pour passer la nuit sur place.
En fait de camp, il s'agit d'abris couverts de baches, ouverts à tous les vents, et avec une simple bache pour couvrir le sol. Honnêtement, j'aimerai pas passer la nuit la dedans dans un mauvais sac de couchage humide. D'autant que si je tolère de passer une journée les pieds dans l'eau, pousser le vice jusqu'à passer plusieurs jours à faire mijoter mes petons ne me parait pas une super perspective. Bref, jusqu'au camp n'°1, le sentier est pas mal, bien tracé, pas trop brutal.
Après une petite pause, c'est reparti. Là, on sent que les choses amusantes commencent. Le sentier prend sérieusement du degré, on rentre dans le nuage, et on patauge agréablement dans la boue.




Il y a également beaucoup de racines, et de passages très rocailleux. Autour de moi, c'est le blanc absolu, la visibilité est limitée à 20m. On tombe sur une paire de buffle au détour du sentier. Assez proche, j'entends des bruits de marteaux sur une tôle. Plutôt inattendu ici. Mon guide m'explique qu'il s'agit des ouvriers chargés de construire le téléphérique qui reliera dans quelques années le sommet à la vallée (et qui le mettra en partie au chomage). Donc en fait, y'a un gros chantier à moins de 50m, depuis le début on longe des poteaux de téléphériques, et j'en ai pas vu la couleur d'un. Finalement ça a du bon le brouillard.
Après presque 1h30 de bataille, 1l d'eau, et quelques haribos, nous arrivons au camp n°2.
Je ne m'étends pas sur la beauté du paysage entre les deux camps, vous aurez compris le problème. De ce que j'ai aperçu, mon environnement proche est constitué alternativement de grands arbres au sous-bois dégagé et de taillis de bambous. Le sentier est en gros tracé sur la ligne de crête, sans trop se préoccuper des obstacles. De temps en temps, une rambarde ou une echelle vient aider la grimpette.


là, ça passe encore

là aussi.
Au camp n°2, on retrouve les mêmes abris de fortunes, mais en encore plus de fortune. Il y a bien quelques batiments en dur, mais ils semblent fermés. Cette fois, les "tentes" ressemblent à des petits tunnels nantais, vous svez, ceux qu'on utilise pour faire pousser les salades.

ici, serre à champignons. si si, regardez-bien entre vos orteils!

Dans un des tunnels, j'aperçois des chaussures à l'entrée, et deux randonneurs encore assoupis et recroquevillés dans leurs sacs de couchage, la bache servant de tapis de sols recouverte de terre.



Hum, eux ils ont dû passer une bonne nuit. Nous faisons ici 15 minutes de pause, et on se lance dans la partie finale, to the top! ahahaha. Alors en fait, le sentier avant, c'était juste l'échauffement. Le brouillard, encore plus dense, me cache mon malheur. C'est qu'il reste encore au moins 650m de dénivelé à faire, et on a sérieusement avancé le kilométrage. Donc en gros, ça va être raide. Je ne suis pas déçu du voyage, le jeux consiste à escalader de gros blocs de pierre, ou à se tailler des marches dans la boue à flanc de montagne façon glacier mais en plus salissant.

là ça passe déjà moins bien

Echelles, racines, bambous de passage, tout est bon pour réussir à se hisser. D'autant qu'on est passé au dessus de 2500m, et que dans ce brouillard, on se refroidit vite, heureusement que l'exercice ne manque pas. Mais vaut mieux pas trop s'arreter. D'ailleurs, dès que je m'arête, tout mon corps fume, tellement que je me demande si c'est pas moi qui crée le nuage autour de nous.

un sentier aux standards vietnamiens. ça dépasse les sentiers néozelandais!
 Arrivé à 200m de den en dessous du sommet, je me dis que le plus dur est fait. Je m'accorde une pause sur ce petit terrain un peu dégagé à la croisée de deux chemins. Après quelques gorgées d'eau, le guide me fait un grand sourire, et me dit que la suite, c'est par le chemin qui descend, pas celui qui monte. Gasp. A cause du brouillard, je n'ai aucune idée e sur quoi je monte. Alors pour mon information, nous avons abandonné le chemin de crête depuis un bon moment (alos que je croyais qu'elle étaiat simplement un peu au dessus), et en quelques sorte grimpé le bas du pic du mont Fansipan jusqu'à une sorte de col, où il faut maintenant descendre de l'autre coté, pour rattraper la crête qui monte au sommet. Alors que le chemin qui va tout droit, lui, tourne quelques centaines de mètres plus loin pour redescendre dans la vallée, virage qui lui évite de plonger directement dans le précipice béant qui nous fait face. S'il le dit, je veux bien le croire.
Nous voilà donc partis à redescendre, et on perd ainsi plus de 100m de dénivelé, à faire du toboggan sur les plaques rocheuses. Et c'est repartit pour la semi escalade, à grands renforts d'échelles, de racines, de troncs d'arbres servant de ponts...



Heureusement, il ne pleut pas. ça doit vraiment pas être sympa sous la pluie. Il y a déjà bien assez de boue comme ça, et je réussi à maintenir mes pieds approximativement secs. Du moins je ne mets pas le pieds dans l'eau trop souvent, donc je garde des chaussettes humides, mais chaudes. On passe au dessus de 2900m, j'ai un petit coup de barre, le souffle se fait plus long. Mon séjour à Dalat n'a pas été suffisant pour augmenter ma dose de globules rouges, et l'effort soutenu est diablement consommateur d'oxygène. Mais c'est bientôt le top! Encore quelques dizaines de minutes à se faire des marches dans la boue, et tout d'un coup, les taillis de bambous laissent place à des buissons de feuillus, et au sommet. Ayé, j'y suis! il est tout pile 11h, nous avons mis 4h15. Un oeil au gps, qui me dit qu'on s'est enfilé 1550m de dén à force de monter et de descendre. Et c'est pas finis, ça  va être pareil au retour.
Pendant que le guide prépare le repas, j'en profite pour faire des photos de nuages. Quelques trous dévoilent un paysage découpé de pics couverts de denses forêts.



Le pic est bordé par un bon précipice dont je ne peux que deviner la profondeur à travers les nuages. Il y a beau avoir quelques trous de nuages, c'est quand même pas aujourd'hui que je verrai Sapa, qui est pourtant en face, sur l'autre versant.



en face, la ville de Sapa

A peine un peu plus d'une heure de pause, et d'un commun accord, nous décidons de redescendre. Il fait froid, les nuages ne sont pas prêt de se lever, alors pour la sièste au soleil c'est rapé.
C'est là que je réalise que si la monté n'a pas été une mince affaire, la descente, elle, va être une vraie torture. Pendant 1/2h, je fais quasiment tout le temps de la desescalade, utilisant autant les pieds que les mains. Arrivé au camp n°2 en entier et sans être tombé, mes pieds commencent à m'expliquer gentiment que ce soir, ils vont me faire payer. Je reste concentré. Pas le moment de se relacher et de se péter une cheville ou un genoux en glissant. Depuis ce matin, le tout est soumis à rude épreuve, tordu dans tous les sens. Car si mon guide pourrait faire le sentier les yeux fermés, sautillant lestement au dessus des obstacles sans peur de glisser, ma démarche est nettement plus lourde malgré mon sac léger (je 'ai que de l'eau et un peu de vêtements). Je ne sais pas ce qu'il a collé sous ses baskets, mais ça tient drôlement bien. En attendant, je suis obligé de freiner mes pas pour éviter de glisser, et ça, c'est pas bon pour les rotules.
Enfin, voici le camp n°1. Le sentier devrait s'améliorer. Heureusement, car entre les deux camps, mon guide a trouvé un pote à lui, et ils cavalcadent gaiement en discutant. Son pote a manifestement la même colle que lui sous les chaussures. Enfin sous les sandales plutôt. Je me sens faible tout d'un coup...
Nous trottinons comme ça jusqu'à l'arrivée, accompagnés d'un petit rayon de soleil qui fait vraiment du bien.
Au final, la rando aura durée pile 9h, pauses et repas compris, pour 1880m de dénivelé et 15km. La rando sur un jour est donnée en moyenne pour 10h de marche (sans le repas donc), 12h pour les moins rapides.
La montée était moins pénible que l'ascension de LangBiang mountain sous la pluie, mais l'effort était plus long. Et la descente tellement plus galère!

Je pense qu'il doit être vraiment agréable de faire cette rando au "printemps", quand il ne fait pas encore trop chaud, mais que la météo est encore sèche. Pas la peine de prendre de grosses chaussures montantes: sur ces terrains, je pense que si la cheville n'est pas libre de travailler, c'est le genou qui va prendre. Et puis bon, y'en a qui s'en sortent en sandales (qui prennent le talon quand même), alors pas la peine de se réfugier derrière le matériel :-). Pour le confort tout de même, des chaussures de trekking avec un bon tas de crampons sous une semelle assez rigide me paraissent suffisant. Concernant les camps, j'aimerai vraiment pas passer la nuit ici. Il y a de quoi pourrir l'expérience, d'autant que s'il vous faut 2 jours (voir 3!), c'est probablement que la rando n'est pas votre sport favoris, et vous n'allez probablement pas dutout apprécier les sentiers qui composent celle-ci. Alors tant qu'à faire du sport, autant se faire un des nombreux sentiers beaucoup plus accessibles, et également assez sauvages et dans de très beaux paysages, qui entourent sapa, et proposés sur plusieurs jours par les divers tour-operator.





1 commentaire:

  1. Te voila Fan du Fansipan ! Ça c'est du guide de compétition, avec rata servi sur assiettes... Tu vas prendre des goûts de luxe.
    Après le maître de l'outre-noir, nous connaissons maintenant un outre-bleu pas mal réussi, et différentes variantes d'outre-blanc... Heureusement les photos rendent quand même bien compte de l'ambiance.
    Popa

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