mercredi 11 juillet 2012

trop bas l'eau!



Départ: Hot
Arrivée: Doi Tao
Distance parcourue: 55 km
Dénivelée: 450 m
Troisième étape du parcours

Nous quittons à regrets Hot, car nous serions bien retourné rigoler un peu avec la petite famille du bar glacier. Aujourd'hui, peu de chances de se perdre, nous suivrons la route principale jusqu'à Doi Tao, où nous attend un lac et une guesthouse qui apparemment pourrait nous faire dormir au milieu du lac. Ce serait une super expérience!
La route est plus agréable que la veille, plus praticable, et bordée d'arbres qui procurent une ombre agréable.

Il fait également plus frais, du moins au début de la matinée. Assez vite, nous attaquons une côte digne du tour de France, et les mollets fraîchement massés de la veille en prennent un coup. Heureusement qu'après les montées, en général, ça descend! Nous enchaînons comme ça les montagnes russes jusqu'à Doi Tao, sous les encouragements des car d'écoliers, des mobylettes et des voitures.

 ça donne du courage, mais ça n'allège pas le vélo... 3km de montée, 3 km de descente, et on recommence. Après 40km de ce petit jeu, nous arrivons à Doi Tao, une fois de plus sous un grand soleil. Nous nous arretons pour manger avant de chercher la guesthouse. Pendant que nous essayons de nous faire comprendre par la serveuse, un client s'approche.Il s'agit d'un policier, qui comble du bonheur parle un anglais très correct. Il nous invite à sa table, passe commande pour nous, et nous voilà lancés dans une grande discussion sur notre voyage, notre but, comment nous trouvons le pays... Nous en profitons pour lui demander quel est son salaire, afin de se faire une idée du niveau de vie en thaïlande, que nous avons du mal à évaluer. 35 000 baths/mois, ce qui d'après lui est un salaire plutôt dans la moyenne, peut-être un peu en dessous. Ensuite, il me demande si nous sommes chrétiens, lui-même étant pratiquant comme la majorité des thaïlandais du bouddhisme. S'ensuit alors une discussion très intéressante sur notre manière d'appréhender les choses selon nos 3 points de vues différents.
Lorsque je lui demande si quand il fait quelquechose de bien, il le fait parcequ'il aime faire le bien lui-même, ou si il le fait pour Bouddha, il répond "c'est la même chose". La discussion dure, si bien qu'avec Soizic nous recommandons un plat (faut dire que les kilomètres, ça creuse!). Nous demandons également si par hasard il saurait où se trouve la guesthouse du lac. Chance, il connait, et nous donne les indications. Nous le remercions chaleureusement, de même que la cuisinière (riz-porc-ananas, assaisonnés aux petits légumes, tout un concept), et nous voilà repartis sur nos biclous.
En suivant les indications du policier, nous empruntons la route qui descend au bord du lac. Et là, stupeur!!!!! Le mac est à sec. Mais alors sec sec sec. Un petit filet d'eau parcourt le fond de l'ancien lit du lac, où quelques maisons de planches se ont construites. Toute les installation de plaisance, les parkings, etc, se trouvent à 10m au dessus du fond de la cuvette. Mais bon, comme nous venons de faire 3km de grosse descente, nous n'avons pas envie de remonter tout de suite, et décidons de chercher tout de même la guesthouse. Mais tout les batiments du coin sont fermés, ou à l'abandon. L'endroit a connu des jours plus heureux. Quelqu'un nous dessine un vague plan avec l'endroit supposés de la guesthouse, mais à priori nous y sommes déjà passés, et c'était abandonné. Il faut se faire à l'idée, il faut remonter. Une fois en haut, nous demandons où trouver un autre endroit pour dormir. On nous indique un hotel assez cher, 10km en direction de Hot. Pas question de rebrousser chemin pour aller se faire plumer. Quelqu'un d'autre nous parle d'un endroit en face de l'hopital local. Il y a bien un hopital, mais rien pour dormir en face. Pendant que je demande, une mobylette s'arrête à coté de Soizic, et sa conductrice nous propose de passer la nuit chez elle. Allez, pourquoi pas! Oui mais voilà, elle démarre, puis disparait au loin. Nous ne la reverrons jamais. Il est 15h, quelqu'un nous dit qu'il n'y a en fait pas d'autre guesthouse, et que sinon il faut aller à Li, qui est notre étape de demain. Nous décidons de prendre la direction de Li, et de faire du stop pour arriver jusque là-bas. Au bout de quelques kilomètres de levage de pouce infrutcueux (et une belle accélération de Soizic pour arréter un bus qui finalement n'allait pas au bon endroit), Soizic repère un panneau OK HOME, alors que nous traversons un micro-patelin. Un panneau en anglais, au bord de la route avec marqué maison OK dessus, ça ne peut être qu'un endroit pour dormir! Nous tentons donc l'affaire.
Le portail de OK HOME est un portail en bambous peint en rouge, avec un gros OK couleur or, au dessus duquel trône un crâne de buffle. Derrière le portail, un chien nous aboie dessus. Personne. Au moment où nous allions repartir, une thaï à la chevelure hirsute vient nous ouvrir. Elle parle 2-3 mots d'anglais, et nous comprenons que oui, c'est bien une sorte de guesthouse, et que nous pouvons passer la nuit ici pour 300 baths. Affaire conclue.
Nous passons le portail avec nos vélos, et entrons dans une sorte de cours jonchée d'objets hétéroclites, tels que des restes de noix de coco, un repas entamé, des sculptures en bois, des coquillages ou encore des chapeaux pendus aux bords de la toiture.





Des fougères et autres plantes d'ornements complètent le tableau. A l'arrière de la maison, une autre cours contient 3 petites chambres avec de petites tables devant, un arbre à longans, un cocotier, une baignoire extérieure remplie de feuilles de bananiers, et une cabane-sanitaire.

Au milieu, une petite table nous invite à se poser, ce que nous faisons sans se faire prier tellement nous sommes cuits. Notre hôte du jour s'assoit à la table d'à coté, et commence à se rouler un cône de tabac dans une feuille de bananier.

Nous remarquons une scie au bout d'une perche, et lui demandons à quoi ça sert. "Coconuts! want some?" "ok!". Elle nous descend donc 2 noix de coco de son cocotier, et commence à les débiter avec sa machette.

Elle finit par faire un trou dans chacune, plante une paille dedans, et nous les tend. Coconuts on the rocks, on adore! Elle complète l'ensemble avec des longans fraîchement cueillis.

Un délice. Le longan a un gout de litchi. En fait, c'est un litchi, sauf que sa peau est lisse. Comme il est encore tôt, nous laissons un moment notre étrange logeuse et sortons faire un petit tour à pieds. Le village dans le quel nous nous sommes arrétés s'étend en fait jusqu'au bas de la plaine, le long d'une ruelle cimentée parallèle à la grande route. Ecole, hopital, petit supermarché, l'endroit dispose d'un minimum de confort. Les maisons ne sont pas riches, et à la mode thaï du nord, la moitié de la maison est en fait à l'extérieur des murs, ce qui inclut la plupart du temps une paillasse ou un hamac pour dormir. Les champs en bordure du village ne sont pas des rizières, mais une plante que je ne parvient pas à déterminer. De loin, on dirait de mauvais herbes jaunies. Mais bon, ça doit pas être ça.


Au supermarché, nous trouvons des pots de yaourt, des corn-flakes, et des petits gateaux, ce qui devrait largement suffir pour notre repas du soir, vu la ventrée qu'on a pris à midi. Nous emportons donc notre en-cas, et de retour à la guesthouse, nous attaquons notre repas devant les premiers épisodes de la série "Buffy contre les vampires". Le repas terminé, nôtre hôte nous rejoint, et nous propose de nous emmener, en scooter, jusque chez ses parents, pour discuter et prendre une douche. Euh, là comme ça? A h du soir? Euh, ben, ok! En sortant de notre chambre, nous remarquons un drapeau breton, qui traine dans un coin.
Mais qu'est-ce que ça fait là?! y aurait-il eu d'autres égarés dans la maison de l’ermite? Nous lui demanderons plus tard, car nous voilà partis, à 3 sur un scooter, au milieu de la nuit. 5 minutes plus tard, nous arrivons devant une des maisons devant lesquelles nous sommes passés lors de notre petit tour. Ses parents sont en train de prendre l'air sur la terrasse, et une fois introduits, commençons l'échange rituel de questions, vaguement traduites par nôtre logeuse par qui nous avons un certain mal à nous faire comprendre.

Ses parents ne semblent plus travailler, pas plus que son frère qui est handicapé, ni qu'elle, qui en dehors de sa guesthouse-fantôme, passe apparement son temps à aller voir les oiseaux avec ses jumelles, et à regarder le soleil se lever et se coucher, en mangeant les fruits de ses arbres. Lorsque nous lui demandons pour le drapeau, elle dit qu'elle est allée en France. Nous avons un peu de mal à le croire, même si au matin elle nous apporte une pile de romans de gare en français.

Nous ne saurons jamais, et mettrons l'énigme sur la dos d'un problème de traduction. Pendant que nous discutons, l'un puis l'autre allons prendre notre douche dans un appentis sans porte, à l'intérieur duquel se trouve un tuyau d'arrosage et un bloc de savon. Après la journée d'effort, cela fait tout de même du bien. Puis les discussions se font plus éparses et il est l'heure de retrouver nos pénates. Un épisode de Buffy plus loin, et nous nous mettons au lit. Contrairement aux nuits précédentes où nous étions relativement en ville, nous sommes ici en pleine campagne, et les bruits qui entourent notre cabanes sont impressionnant. Des milliers d'insectes rythment la nuit, les geckos sont sur tout les murs, les arbres craquent et les brindilles crissent sous les pas des animaux, reptiles, insectes et batraciens qui nous entourent. Pendant la journée, nous croisons régulièrement scorpions et serpents écrasés (ou pas), et je crois qu'aucun de nous deux n'est sorti cette nuit pour aller aux toilettes.
La journée s'est une nouvelle fois déroulée de manière assez imprévue, avec son lot de rencontres et d'échanges culturels. Je m'en vais donc appliquer les conseils du policier rencontré à midi, et méditer sur les évènements de la journée en écoutant les sons de la nature. Bonne nuit!

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